Son cœur se serra sous l’effet de la culpabilité. À force de bâtir son empire, d’assurer leur avenir, il n’avait pas vu qu’ils mouraient de faim pour quelque chose que l’argent n’achète pas. Rosa s’était glissée dans cet espace vide, le comblant de tendresse, de patience et de chaleur.
Adrian pensa à sa défunte épouse, Clara. Elle lui avait toujours rappelé que les enfants avaient besoin de présence plus que de présents. Il acquiesçait alors, promettant d’être toujours là pour Ethan et Lily, mais après sa mort, il s’était enfoui dans le travail pour ne pas affronter sa douleur.
Debout dans l’embrasure, il entendit comme un écho des paroles de Clara, comme si son esprit lui soufflait que l’amour se niche dans les gestes les plus simples. Il n’entra pas tout de suite. Il resta là, laissant l’image s’imprimer dans son âme.
Ethan racontait comment il avait renversé de la farine sur le plan de travail, et Lily riait si fort qu’elle en perdait le souffle. Rosa riait avec eux, son sourire radieux, son rire discret mais plein de vie. Ce n’était pas qu’un gâteau — c’était un baume, c’était de l’amour, c’était précisément ce qu’Adrian avait été trop aveugle pour voir.
Enfin, incapable de retenir ses larmes, il fit un pas en avant. Sa présence soudaine surprit tout le monde. Les enfants se tournèrent vers lui, leurs rires se muant en curiosité, tandis que le sourire de Rosa vacillait : elle se redressa nerveusement et s’essuya les mains sur son tablier.
Un instant, Adrian ne parvint pas à parler. Sa gorge était serrée, sa vision brouillée. Puis, d’une voix tremblante mais sincère, il dit simplement :
